Biographie
Née à Montréal, Annie Lafleur est poète. Au Quartanier, elle a publié Puberté (2023, Prix francophone international du Festival de la poésie de Montréal), Ciguë (2019, finaliste au Prix Alain-Grandbois et au Prix des libraires du Québec), Bec-de-lièvre (2016, finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général et au Prix des libraires du Québec) et Rosebud (2013). Au Lézard amoureux, elle a fait paraître Prolégomènes à mon géant (2007) et Handkerchief (2009). Elle a été membre du comité de rédaction de la revue Estuaire de 2014 à 2018 et a collaboré comme critique d’art au magazine Spirale et à la revue Espace art actuel.
Entrevue
Je me suis intéressée à la poésie dès mon plus jeune âge, en observant et en ressentant le monde très vivement et profondément. À la bibliothèque municipale que je fréquentais, il y avait un tout petit rayon consacré à la poésie française. J'ai été attirée par Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Paul Éluard, Guillaume Apollinaire. Le mouvement poétique et artistique du surréalisme m'interpellait tout particulièrement. Plus tard, j'ai découvert les poètes québécois·e·s Marie Uguay, Anne Hébert, Huguette Gaulin, Denise Desautels, puis Claude Gauvreau, Denis Vanier, Roger DesRoches : c'est là que j'ai eu un véritable coup de foudre pour la poésie. Je me souviens très bien de l'effet que m'avait procuré le poème liminal de L'outre-vie, de Marie Uguay, qui commence comme suit : « L'outre-vie c'est quand on n'est pas encore dans la vie, qu'on la regarde, que l'on cherche à y entrer. »
J'ai commencé à écrire de la poésie dès ma première année de primaire. Je me souviens de mon premier texte poétique, qui, selon la consigne, devait raconter nos vacances estivales. Cet été-là, mon oncle Gilles et sa compagne, Jenny, avaient séjourné une semaine à la maison avant de repartir en Australie. J'avais transformé cette expérience en songe, où il était question d'une cueillette de fraises dans un champ à perte de vue, en Australie – pays, continent, géographie qui nourrissaient mon imaginaire. Petit à petit, j'ai pris conscience d'une langue secrète qui pouvait métamorphoser les émotions, les images, les sensations.
Il s'agit d'une vocation, et donc, d'un métier professionnel au même titre que toutes les autres professions. Cela requiert du cœur à l'ouvrage. Il faut persévérer, croire en son potentiel et s'entourer de personnes bienveillantes dans le monde de l'édition.
Le poème liminal « On a quitté la région... », extrait de Bec-de-lièvre (2016, Le Quartanier), m'a été inspiré par un amalgame de souvenirs et de visions, à la fois puisés dans mon imaginaire et dans la nature sauvage. Au cours de l'écriture, j'ai visité la Côte-Nord, et j'en ai ramené des images saisissantes que j'avais envie de transformer en vers pour leur donner un second souffle. Je voulais recréer la sensation de vertige lors de l'ascension d'une montagne, et la chute brutale lorsque l'on perd pied. Ce poème est venu confirmer mon désir de créer une expérience esthétique, une émotion plastique.